Entrebâilla
la porte
oui ?
Une
femme échevelée en col roulé noir et des jeans serrant contre elle
un enfant emmitouflé dans une doudoune...
aidez-nous
Fronça
les sourcils.
pardon ?
Les
traits tordus par de violentes émotions répéta
aidez-nous
son
chuchotement pressant.
Des
voix fortes aux pas lourds tournèrent leurs têtes vers l'escalier.
Refermant
doucement la porte désigna un double placard dans l'entrée.
ici
Se
précipitant fébrilement à l'intérieur la femme referma
entièrement derrière elles.
non
tira la porte à moitié s'il n'est pas
fermé, personne ne pensera à une cachette
Les
pas lourds s'arrêtèrent piétinant sur place, des poings
tambourinèrent à la porte voisine, une voix hurla.
POLICE
Debout
devant la porte sourcils froncés cependant que les pas lourds se
dirigent vers la sienne sursauta quand les poings la martelèrent.
POLICE
Partit
dans sa chambre revint ouvrit fronçant les sourcils.
police,
bonjour madame
bonjour
personne
n'est venu sonner à votre porte ?
quand ?
avant
nous
je
peux voir votre carte de police ?
bien
sûr, on n'est jamais assez prudent de nos jours
oui
secouant la tête son collègue brandit la sienne sal' époque
Les
examina puis les rendit.
non,
personne n'est venu sonner
si
ça vous dérange pas, on va faire une vérification d'usage
et
si ça me dérange ?
si
on est obligé de revenir, vous en aurez pour une semaine à tout
ranger
sans
compter renchérit le collègue c' qui risque de s' casser
c'est
comme ça qu'on applique la loi de nos jours ?
non,
c'est comm' ça qu'on pallie au manque d'effectifs, bon, vous
permettez ?
S'écarte.
Lui
emboîtant le pas, l'un se dirige vers la gauche l'autre vers la
droite cependant qu'elle attend dans la cuisine.
et
voilà conclut le chef la rejoignant on aura pas à revenir
pour rien
Les
raccompagna.
la
personne que vous recherchez... elle est dangereuse ?
plutôt
oui d'une voix écœurée kidnapping d'enfant
un
kidnappeur d'enfant se cache dans l'immeuble ?
une,
c'est une femme
une
femme ?
eh
oui secouant la tête v'là où va l'monde
à
deux vous ne risquez pas de la trouver, elle a déjà dû repartir
pendant que vous frappiez aux portes
à
deux pour fouiller, les collègues surveillent les entrées
Referma
immobile les écouta frapper à la porte voisine, repasser devant la
sienne, s'éloigner.
ce n'est pas vrai, c'est ma fille, je ne l'ai pas kidnappée, je ne peux pas le prouver, mais il faut me croire, dis à la dame que tu es ma fille
si
c'est ma maman
je
vous jure que n'ai pas pris l'enfant d'une autre, c'est la mienne
je
ne vous connais pas, je n'ai donc aucune raison de ne pas vous croire
tend la main je m'appelle Housia
ho
surprise serra la main Marie-France, et ma fille
excusez-moi,
votre fille préfère peut-être se présenter toute seule, comme
une grande qu'elle est sourit non ?
si
ravie moi je suis trop grande serrant la main tendue
Charlotte
vous
avez faim ? soif ?
merci
secouant la tête mais Charlotte peut-être, je n'ai pas eu le
temps de penser au goûter...
tu
as faim ?
Hoche
la tête.
Sort
une tarte du four la pose sur la table
tu
aimes la tarte aux pommes ?
oui
Ouvre
le frigo.
et
le jus d'oranges ?
oui
Pose
la bouteille se retourne attrape un verre et une assiette.
Pendant
que Charlotte goûte un ange passa la mine sombre et le pas traînant.
tu
en veux encore ?
non
merci
Débarrasse.
et
maintenant ? Tu as envie de quoi ?
je
sais pas
dessiner peut-être?
Hoche
la tête.
viens,
je vais t'installer
Revient
dans la cuisine.
ça
vous dérange si je fume ?
non
Fume
rapidement et profondément.
vous
ne me demandez rien ?
non
après
tout d'un ton de défi je pourrais réellement avoir kidnappé
l'enfant d'une autre puis ironique je pourrais être une
dangereuse psychopathe
oui
sourit moi aussi d'ailleurs
Silence.
Soudain
explose en sanglots
excusez-moi,
excusez-moi
frissonnant
de la tête aux pieds.
ne
vous excusez pas, il n'y a ni honte ni gêne à pleurer quand
on a du chagrin
vous
ne savez pas, si j'avais compris plus vite... ho si je peux avoir
honte
Silence.
j'aurais
dû voir la fixe haineusement tous les week ends, elle hurle,
elle ne veut pas aller avec lui, se roule par terre, s'agrippe à
moi, et je la gronde ! je la gronde en lui expliquant qu'elle
n'a plus l'âge de ces bêtises, et je la pousse vers son bourreau...
sans
le savoir
et
puis un soir poursuit sans sembler l'entendre elle est dans
mes bras, on regarde une cassette de Barbapapa... et elle parle...
Silence.
sous
mes yeux, tous les jours, elle refait pipi au lit, hurle dans son
sommeil, elle se renferme, à l'école elle s'isole aussi, non, si
j'avais voulu voir je pouvais le voir
on
ne voit que ce qu'on peut concevoir
oui
c'était tellement inconcevable, toute ma vie, passée, présente,
future, s'effondrait de partout à la fois, et j'étais si terrifiée,
paralysée...
Silence.
je
lui ai promis... ça fait trois ans... je perdais sa confiance à
chacun de ses retours, cette situation, c'était comme si j'étais
devenue sa complice
les
complices sont toutes les personnes qui appliquent les droits de
visites et de week ends sans vouloir écouter le désir de l'enfant
je
ne sais plus ce que j'aurais dû faire... j'ai porté plainte... et
tout a joué contre moi... on m'a accusée de manipuler ma fille pour
me venger, me venger de quoi ? c'est moi qui ne voulais plus
vivre avec lui pouffe de rire nerveusement et c'est moi qu'on
condamne pour avoir refusé de la remettre entre les mains de ce, ce
dépravé
Silence.
c'est
la contre-expertise qui nous tuées, je suis devenue une névrosée
hystérique et Charlotte était sous mon emprise affective, tout le
reste, les certificats médicaux, les expertises psychologiques, les
témoignages, étaient devenus des preuves de mon harcèlement
hystérique
Silence.
mon
avocat m'avait prévenue pouffe nerveusement depuis
Outreau, plus personne ne veut croire les enfants
mais
les enfants grandissent, et ils hurlent maintenant à qui veut
entendre la justice qui ne leur a pas été rendue, on peut nier la
parole des enfants, mais on ne pourra jamais les empêcher de dire
dès qu'ils s'en sentiront la force
Silence.
quand
j'ai appris que ma plainte était en voie de classement faute de
preuves, c'était tellement... toutes ces expertises, ces
certificats... et lui qui téléphone le lendemain, pour me dire
qu'il prendra Charlotte directement à l'école, c'est là que j'ai
compris...j'ai pris Charlotte de force, la maîtresse refusait de la
laisser partir, mais quand on est revenu pour faire les valises et
prendre mon sac, la police était devant l'immeuble, l'un d'eux m'a
vue, j'ai paniqué et j'ai couru
vous
envisagez la suite comment ?
Silence.
ce
que je sais c'est que cette fois je tiendrai ma promesse, Charlotte
n'y retournera pas
Silence.
vous
tenez à rester en France ?
sans
papier et sans argent, difficile de passer les frontières
mais
pas impossible
La
dévisagea interrogativement.
vous
avez de la chance, je suis féministe, alors je suis informée et je
suis solidaire avec toutes les autres femmes du monde, on va vous
aider à quitter la France
qui ?
je
pense à une personne de toute confiance, qui est avant toute autre
considération du côté des enfants
quand ?
laissez-moi
le temps d'organiser tout ça, pour l'instant vous êtes en sécurité
ici
pourquoi
faites-vous tout ça pour nous ?
parce
que moi aussi, avant toute autre considération, je suis du côté
des enfants
c'est
moi
...
je
sais, justement j'ai un service à te demander
...
descends
voir s'ils sont encore là, et s'ils sont encore là, tu essaies de
savoir combien de temps ils restent
...
après
je t'explique, va d'abord descends, j'attends
Raccroche.
vous
d'vez g'ler
Tenant
un plateau.
on
a l'habitude
vous
avez le droit d'boir'un café non ?
Se
regardent.
c'est
pas de refus
merci
sans
m'emmêler de ce qui m'r'gard' pas tout sourire l'immeubl' a
été touillé de fond en combles, les appartements aussi, ell' a dû
réussir à sortir, à quoi ça sert quand vous restez là ?
on
est obligé
si
ell'a filé, ça la f'ra pas sortir non plus
faut
l'dire aux inspecteurs
c'est
pas eux qui s'payent les courants d'air debout tout' la journée,
d'ailleurs on les a pu r'vus d'puis hier
ça
risque pas ricana le plus jeune ils sont de service au pied de
la grue
quelle
grue ?
le
père de l'enfant est monté sur une grue ce matin, et il refuse de
redescendre « tant que la police n'aura pas fait son travail »
ça
a chauffé au bureau
du
coup, on est obligé de rester ici pour montrer que la police fait
son travail
Une
femme chaudement recouverte tirant un cadi pousse la porte
bonjour
ouvre
sa boite aux lettres
bonjour
prend
le courrier le trie
bonjour
jette
les publicités.
bonjour
quel
temps, y a une semaine c'était l'été, et demain la météo prévoit
de la neige, je vous plains mes braves
on
est habitué
l'pèr
' est sur une grue reprit Nina quelle histoir' !!!
j'le
comprends, moi si on touche à un de mes enfants, je deviens fou
kindappée
par sa mèr' répliqua Nina ell'est pas réllement en danger,
c'est sa mèr'
une
femm' qui est capable de kidnapper son propr' enfant intervint la
voisine juste pour s'venger de son mari, j'appelle plus ça une
mère moi
comment
l'apostropha vivement Nina vous l'savez ?
les
infos à la télé rétorqua la voisine d'un ton sec et qui
viennent en direct de la grue
en
direct du pèr' quoi
je
pense qu'il est bien placé pour savoir ce qui se passe
la
mèr' aussi
quand
on a rien à se reprocher on s'enfuit pas pousse la porte
d'entrée y a pas de fumée sans feu
La
regardent s'éloigner énergiquement cependant que derrière eux des
voix approchent vers la porte qu'un homme pousse s'effaçant pour
laisser le passage à deux femmes.
Après
les salutation d'usage reprennent leur discussion
paraît
qu'ell' sort d'un asile
ouvrant
leurs boites aux lettres
mais
non intervint le voisin d'une maison de repos
trient
leur courrier
ell'
y était pour des problèm' de l' tête
jetant
les publicités à la poubelle.
pour
dépression répliqua la deuxième voisine irritée rien à
voir
ben
ça s'pass' quand mêm' tapotant son crâne là d'dans
mais
la dépression se contenant laborieusement répéta n'a rien à
voir avec la folie
c'est
vrai confirme le voisin également irrité moi après la mort
de ma femme j'étais en dépression, mais j'étais pas fou
en
tout cas ell' ira plus très loin, ils ont lancé le plan vigikid
ha
bon, s'exclama Nina quand ?
ils
viennent de l'dire aux infos
mes
pauv' se retournant vers les policiers vous êt' pas près
d'partir
et
demain, ça neige
on
est habitué
paraît
que l'père m'nace de s'jeter de la grue
i'
doit s'les g'ler là-haut s'intercala malicieusement Nina ça
s'comprend
ne
plaisantez pas intervint le voisin sèchement avec le
désespoir d'un père
ha
oui, et d'pis quand ça vous troue l'cœur l'désespoir d'un
pèr' railla Nina quand un goss' joue dans la cour,
vous cherchez la gardienn'
c'est
interdit s'indigna le voisin c'est dans le règlement
ha
oui, et l'm'nacer d'la prison, c'est l' règlement aussi?
si
tous les enfants jouent dans la cour risqua prudemment la voisine
cherchant à le soutenir en se voulant juste vous pensez au
bruit ? dans la cour ça résonne
mais
oui, bon ben j'r'monte tendant le plateau j'répercut' les
tasses
encore
merci m'dame
ça
réchauffe
bon
courag'
tu
dessines quoi ?
un
papa chat
Silence.
pourquoi
tu lui mets un costume?
Hausse
les épaules.
c'est
un papa
ha...
Silence.
en
Ecosse, les papas portent des jupes
Relève
la tête fronce le nez sourit.
tu
dis des bêtises
pas
du tout, les papas en Ecosse portent des jupes, ils les appellent des
kilts, d'ailleurs c'est le costume de tous les hommes écossais, papa
ou pas
et
les mamans ?
avant
elles portaient des jupes aussi mais très longues qui tombaient aux
chevilles
et
tout de suite ?
ce
qu'elles aiment
en
Ecosse les papas font pas comme ils aiment?
Fronce
les sourcils la regarde.
si,
comme les mamans, comme les enfants, comme tous les gens, comme moi,
toi, mais à condition que ce qu'on aime ne fasse mal à personne
Fronce
le nez réfléchit intensément.
et
si ça fait mal ?
alors
c'est interdit
en
Ecosse ?
partout,
ici aussi, c'est interdit et c'est puni
c'est
pas vrai furieuse c'est pas vrai
Silence.
pourquoi
un papa chat ?
pass
ils ont pas de zizi
bien
sûr qu'ils en ont un
non,
j'ai regardé Gémirono
comment
ça tu as regardé ?
oui
mais il voulait pas être gentil alors je l'ai tapé pour son bien,
mais après il s'est disparu sous le lit
tu
as frappé Géronimo?
oui
comme ça il comprend
il
comprend quoi ?
qui
doit pas bouger
Silence.
et
tu crois qu'il a compris ?
Fronce
le nez réfléchit intensément.
oui
mais pas longtemps
moi
je crois qu'il n'a rien compris, qu'il a seulement attendu le bon
moment pour s'échapper
Silence.
tu
aimes ?
oui,
tu dessines très bien
Silence.
écoute,
Géronimo est un très vieux chat, il est fragile, il ne faut plus
jamais le frapper, d'accord ?
Lève
la tête fronce le nez.
tu
es fâchée ?
non
hésite se mordant la lèvre inférieure parce que tu ne lui
as pas fait du mal exprès
La porte s'ouvre lentement, la pousse s'engouffrant à l'intérieur referme promptement.
qu'ess
c'qui t'prends ?
Sourit.
j'ai
eu peur d'attraper un courant d'air
c'est
ça
S'installent
dans le salon face à un écran de télé occupant la moitié du mur.
allumé mais le son en sourdine.
alors ?
i'
sont pas près d'partir, l'pèr' est sur une grue et l'plan vigikid
a été enclenché
le
plan vigikid !!!
oui,
ça parl' que d'ça à la télé, tu l'serais si t'en avais une, tu
m'mets dans l'secret?
elles
sont chez moi
j'm'en
doutais
le
père abusait de la petite pendant les droits de visites
c'qu'ell'
dit ?
je
la crois
pourquoi ?
j'ai
parlé avec la petite, elle veut un papa sans zizi, c'est clair non ?
ell'
a dit ça ?
à
peu près, de toute façon, même s'il y avait un doute, il doit
profiter à l'enfant pas à l'adulte, au plus fragile et vulnérable,
on est d'accord?
t'énerv'
pas tourna la tête s'exclama c'est lui prend la télécommande l'prè hausse le son sur la grue
Un visage énorme d'homme en colère envahit l'espace vociférant.
« je demande aux
médias d'arrêter de divulguer les faux chiffres que nous sert le
parti du ministère des Femmes qu'on a mis au
pouvoir à grand frais de nos impôts, avec Najat Vallaud-Belkacem en
tête et le ministère de la Famille par madame Bertinotti1»,
je suis seul sur la grue mais tous les pères en ont marre, nous
refusons d'être des seconds rôles, les femmes ne veulent plus
respecter les valeurs essentielles de la famille et de l'unité
familiale, elles préfèrent travailler au lieu de s'occuper de leurs
enfants, et après elles voudraient faire croire qu'elles y tiennent
plus que nous ?
baisse,
on a des choses plus sérieuses à réfléchir, Il s'agit de
trouver un moyen de les sortir de l'immeuble, après tout est réglé
comment ?
elles
partent en Suisse, une assos les attend, un ami qui tient un refuge à
Mifranche et qui travaille avec une assos en Suisse les emmènera, il
fait des allers-retours chaque semaine pour emmener des chiens
adoptés par des Suisses, il est connu des douaniers, ils ne
regardent même plus dans le camion
c'est
où Mifranche ?
un
village à deux heures d'ici
y
a des barrag' partout
oui
je sais, en fait il faut que ça se fasse au grand jour
en
plus !!!
j'ai
réfléchi sourit de l'index tapotant sa tempe fronce les
sourcils tu l'as encore le cercueil ?
quel
cercueil ?
quand
ton grand-père est mort, l'hôpital ne voulait pas vous laisser
prendre le corps pour le veiller à la gitane, alors vous l'aviez
sorti en cachette par la fenêtre et ensuite vous l'aviez caché dans
un cercueil pour passer devant le poste de surveillance...
et
?
vous
l'avez encore?
oui
il
est où ?
dans
la cav' d' la jaille
super,
voilà le plan : elles vont sortir dans le cercueil, laisse moi
finir, on loue un corbillard, demain matin tu fais défiler quelques
cousins en costume noir qui emmènent le cercueil, et on passe le
relai à Mifranche
La
regarde ahurie.
c'est
réalisable, j'ai tout, manque que le cercueil et les cousins
t'as
un corbillard ?
j'en
ai loué un, le moins cher, on tient à trois dedans,plus les deux
places à l'avant
et
les couzins ? j'claqu' dans les doigts et ils arriv' ?
je
ne sais pas moi, tu dis toujours que chez les gitanes, tout le monde
est solidaire, un appelle les autres accourent même s'ils se
détestent
ent'gitanes
oui
dis
leur que c'est comme de la figuration, ils seront payés
le
corbillard, l'billet des couzins, t'as gagné l' loto?
non,
les frais sont assumés par la personne qui a trouvé l'assos
c'est
qui ?
moins
tu en sais moins tu en diras quand on te torturera
Rient.
et
ça s'rait quand ?
demain
ou après demain maximum, obligé, la loge est fermée, l'oeil de
Moscou viendra pas mettre son nez
Silence.
j'te
dis c'soir
je
savais que je pouvais compter sur toi
là
j'mens pus com'j'respir' hein, j'suis pu une profiteus'
je
te rassure tout de suite sourit bien sûr que si
toi
tu plaisant' , on sait jamais si c'est drôl' ou pas, t'as r'marqué?
non
moi je sais pouffe je trouve ça très drôle
1Propos
du père monté sur la grue à Nantes, publié le 19.02.2013 sur
Leparisien.fr. Propos que je sors du contexte initial, le père sur
la grue dans cette nouvelle est un personnage entièrement fictif.
dans
un cercueil ?
Hoche
la tête.
jusqu'en
Suisse ?
non,
un ami prend le relai à deux heures d'ici, vous voyagerez dans son
camion, cachées, avec les chiens
des
chiens ?
oui,
il emmène chaque week-end des adoptés en Suisse
Silence.
alors ?
...on
n'a pas vraiment le choix...
non
...mais
si Charlotte a trop peur dans le cercueil ? deux heures c'est
long...
je
vais lui expliquer
Quitte
la cuisine rejoint le salon s'assoit à côté de Charlotte regardant
un livre de peintures.
ça
te plaît ?
Hoche
la tête.
tu
te souviens quand je t'ai dit que la loi interdit et punit
l'observe qui la fixe attentivement fronçant le nez le
problème ce n'est pas loi, elle existe, le problème ce sont les
grandes personnes qui doivent interdire et punir, tu me suis ?
Hoche
la tête.
ces
grandes personnes ont peur d'entendre ce que disent les enfants comme
toi, et tu sais pourquoi ?
oui,
ils ont peur de mon papa qui les tue
Fronce
les sourcils soudain sourit.
oui,
mais mes amiEs et moi nous n'avons pas peur du tout de ton papa,
alors on va vous aider à partir toi et ta maman, comme ça il ne
saura jamais où vous êtes, jamais, et il ne pourra plus venir te
chercher le week-end, tu me suis toujours ?
Hoche
la tête.
j'ai
une idée, tu vas me dire si tu penses en être capable, pour partir
d'ici il faut que ta maman et toi vous vous cachiez dans un cercueil
fronce les sourcils tu sais ce que c'est un cercueil ?
c'est
la maison de mamie
voilà
réfléchit à la vitesse de la lumière répète voilà se
mord la lèvre inférieure précisant c'est la maison des mamies
et des papis qui ne vivent plus sur la terre
oui,
ils attendent
ils
attendent quoi ?
pour
aller au paradis
Hoche
la tête pensivement.
tu
savais pas ?
non,
justement je me demandais ce qu'ils faisaient dedans
je
t'ai dit maintenant
oui,
sinon pour revenir à mon idée, tu penses être capable de te cacher
dans un cercueil pendant deux heures ?
c'
est combien deux heures ?
ça
dépend, quand on fait ce qu'on aime c'est très vite deux heures,
par contre, quand on doit faire ce qu'on pas envie, ou se cacher,
c'est très long
Silence.
aussi,
ce sera petit, tout noir, mais tu seras contre ta maman, et deux
heures même quand c'est long c'est toujours seulement deux heures,
pas plus, je te dis la vérité, mais après, après ta maman et toi
vous serez en sécurité, et ton papa ne pourra tuer personne parce
qu'il ne saura jamais où vous êtes, jamais, je te laisse réfléchir
mais
dépêche bordel
c'est
bon, risque pas de tirant une civière d'un corbillard partir
sans nous
Foncent
au pas marathonien.
Tandis
que l'un tient la porte l'autre s'engouffre dans le hall.
bonjour
messieurs
Les
policiers répondirent d'un mouvement de tête.
bon
alors se tenant devant l'interphone fouille dans sa poche merde,
j'ai laissé les papiers dans le corbillard, tu t'rappelles du nom ?
Jeffry ?
Mettry ?dans le genre non ?
Une
ado surgit silencieusement en rollers dans le hall glissa jusqu'à
l'interphone plaqua son passe tirant la porte regarde
interrogativement les deux hommes
on
trouvera sur place, c'est au sixième, merci
qui
s'engouffrent
merci
se
dirigeant vers l'ascenseur.
L'index
en attente
quatrième ?
devant
les touches des étages.
sixième
ha,
comme vous étiez tout en noir avec une civière, je pensais que vous
veniez pour le cercueil
oui
on vient pour le cercueil
alors
c'est au quatrième, c'est là où j'habite
y
a un cercueil au quatrième ?
oui
bon
ben c'est là
Silence.
Les
portes coulissent.
au
revoir, et comme on dit chez nous, Inna lillahi wa inna ilayhi
raji'oune 2
La
regardent s'éloigner.
t'as
compris quèqu' chose ?
ouais
secoue la tête j'ai compris que c'était du bougnoul
Sonne
à la porte resonne.
qu'est-ce
qu'on fait ?
laisse-moi
réfléchir
Silence.
on
a le choix, appeler le boss et se fair' chauffer pour le retard, ou
emmener le cercueil comme prévu, on a encore le temps en fonçant
d'arriver à l'aéroport
t'as
raison, faut limiter les dégâts, allez hop
2
à Allah nous appartenons et à Lui nous retournerons
Tambourine
à la porte.
qu'ess-ce
qui s'pass'?
tes
cousins
ils
arriv'
non,
ils sont partis sans nous
qu'ess
tu d'élir'encor'? I'viens d'les avoir, ils arriv'
impossible,
le cercueil est parti
quoi ?
le
cercueil hurlant IL EST PARTI SANS NOUS
ho,
tu t' calm', ok ?
d'accord
d'accord plissant les yeux serre les dents je me calme
comment
ça il est parti?
je
suis descendue, je remonte, plus de cercueil
t'es
descendue où?
en
face, acheter une litière, viens, descends, viens voir
avec tes yeux, peut-être j'ai halluciné, la tension, j'en sais
rien, descends vite avec moi
Claque
la porte dévalant quatre à quatre l'escalier.
alors ?
Silence.
ben...
Silence.
t'es
partie longtemps ?
un
quart d'heure maximum
Silence.
on
descend, les flics l'ont vu passer, obligé, il n'a pas pu
disparaître, je regarde mon courrier et tu te renseignes
Appelle
l'ascenseur. Les portes coulissent. Une femme se pousse dans le fond.
bonjour
bonjour
bonjour
se mordant furieusement la lèvre inférieure ajoute d'une voix
tendue vous allez bien ?
Sous
le regard stupéfait de Nina tentant de capter le sien.
pas
l'choix renifle la voisine les yeux larmoyants faut faire avec
oui
fronce les sourcils répète distraitement faut faire avec
au
moins il aura pas souffert longtemps
un
cadeau de dieu intervint Nina se signant c'est comm' ça qui
faut l' prend'
tant
mieux acquiesce machinalement en effet
Silence.
ce
monde marche sur la tête reprenant le fil de sa pensée à voix
haute la voisine s'indigne une heure de retard, vous vous rendez
compte, mêm' plus le respect des morts, ils vont m'entendre
chez
nous, on veill' nos morts sur plusieurs jours, comm' ça tout l'mond'
pass' quand il veut
non
c'est pas ça renifle c'est les pompes funèbres que
j'attends, pour qu'ils emmènent le cercueil
Se
regardent.
ils
doivent répéta Houzia emmener le cercueil?
il
voulait être enterré au pays mais c'est mal parti, l'avion décolle
à seize heures
S'exclamèrent
L'avion ?
d'une
seule voix.
la
Zingazie c'est pas la porte à côté
en
grimace Houzia Zingazie ?
L'ascenseur
atterrit les portes coulissent.
c'est
pas trop tôt s'exclame furieuse la voisine une heure que
j'attends
Face
à elles deux hommes en noir dont l'un tirant une civière.
allez
vite montez poursuit la voisine l'avion n'attendra pas
Cependant
que Nina intimait à ses cousins d'obéir avec forces mimiques
derrière la voisine.
Assises
dans les escaliers.
Houzia
se mordant furieusement la lèvre inférieure la regarde
on
suit le plan, faut les rattraper c'est tout
interrogativement.
Nina
pianote sur son portable.
mes,
fa com dice ela, nos ancontramos com dimos
Raccroche.
c'est
de l'espagnol ?
non
du gitane, un m'lang' de catalan et d'espagnol à not' manièr', à
l'oreill'
à
l'oreille ?
pas
à l'écol' quoi
ça
s'entend, on ne comprend rien
c'est
fait pour
Le
corbillard se rangea en double file aussitôt s'engouffrent
précipitamment par l'arrière repoussant la portière en même temps
que le véhicule redémarre.
no
és la bono taüt, nostro esquera al aeroporto, hay atrapar-lo
no
és el bono?
no,
és real, nostro esquera al veritable corbillard
tu
me traduis ?
un
veritable?
un
veritable taüt
un
veritable mort !?!3
si
tu
me traduis ?
Freine
brutalement assailli par des klaxons furieux le chauffeur descend la
vitre sors la tête hurlant
MOUKAVE
ENCULE OU TU VA CRAYIAVE TES MOULOS4
pointe
le majeur tandis que l'autre main vire en douceur stationnant sur le
côté se retourne
ma
soeur, t'es bosch, et les amria ?
soutenu
par le deuxième cousin
c'est
marimé ma sœur
se
signant tous les deux.
c'est
un gadjo5
Roulent
en silence.
je
peux chuchote Houzia
comprendre aussi ?
pas
l'moment
Rallumant
le contact conduit en silence soudain bifurque se garant devant une
boulangerie. Le deuxième cousin s'expulse nerveusement de son siège
sans refermer se dirige rapidement vers la boutique poussant la
porte.
Houzia
se penche vers Nina.
qu'est-ce
qu'il fait?
il
va ach'ter du pain
il
a faim ?
non,
c'est à caus' du mort
Claque
la portière, coupant le pain en morceaux les partage entre tous.
Nina et les cousins fourrent les morceaux dans leurs poches imités
par Houzia.
Nina
chuchota
une
protection cont'les fantôm'
3Traduction :
ce
n'est pas le bon cercueil, le notre est parti à l'aéroport, faut
le rattraper
pas
le bon ?
non,
c'est un vrai, le notre est parti avec le vrai corbillard*
un
vrai ?
un
vrai cerceuil
un
vrai mort ?
oui
4Traduction :
cours ou tu vas manger tes morts
5Traduction :
ma
sœur, tu délires/ tu es folle, et les malédictions ?
c'est
impur ma sœur
Hausse les épaules.
c'est
un non gitan
Le corbillard se propulsa silencieusement se faufilant habilement entre les voitures.
la
route ma soeur ?
ils
ont dû sortir porte d'Ortéans et prend' l'autorout', c'est la seul'
rout' direct'
Les
abords de l'aire du péage grouillaient de voitures et motos de
police.
mat'
l'uniform', c'est la BG
Nés
en laboratoire et privés de tout lien affectif depuis leur
conception, blonds aux yeux bleus, de taille identique, le dos droit
dans leurs armures antiterroristes, impressionnants de froideur et
discipline, la brigade des Clones contrôlait les papiers des
individus ainsi que l'intérieur de chaque véhicule.
l'
grand jeu ma soeur
Descendit
la vitre.
bonjour
bonjour
vos
papiers d'identité et votre permis s'il vous plaît
Sort
un porte-feuille de sa poche intérieure cependant qu'un deuxième
clone contournant le corbillard tirait la portière arrière balayant
d'un regard impénétrable les deux femmes assises autour d'un
cercueil.
bonjour
Nina
gémissant en se balançant d'avant en arrière larmoya
bonjour
reprenant ses lamentations de plus belle s'arrachant les cheveux.
bonjour
vos
papiers s'il vous plaît
je
l'accompagne, c'est son père
Examinant
les deux cartes minutieusement les observe toutes les deux puis leur
rendant les salue d'un geste de la main à la tempe repoussant la
portière..
Le
cousin remonta sa vitre alluma le contact s'engageant sur
l'autoroute.
ça
là, ce qui vient de se passer, tu sais ce que c'est demanda
Houzia poursuivant c'est un bon présage pour la suite, ton portable s'il te plaît
Nina
le lui tendit.
tu veux pas d'télé, pas d'portab', mais la télé et les portab'
des aut' ça y va hein
Pianote
sur le clavier.
oui,
c'est moi
...
si
si, on a juste un peu de retard mais on arrive
….
on
arrive on arrive, à tout à l'heure
Raccroche.
faut
foncer se mordant la lèvre inférieure répéta faut foncer
Nina
hurla en direction de la fenêtre de séparation.
FAUT
FONCER
Le
corbillard s'envola tandis que deux nez écrasés contre les vitres
arrières guettaient les voitures dans un silence tendu..
J'LE
VOIS hurla Nina LA, DEVANT EN PREMIÈRE FILE
oui,
oui c'est un corbillard, c'est lui
En
une embardée insensée qui les secoua tous les trois violemment le
corbillard s'inséra dans la troisième file le pied sur la pédale
s'imposant dans la deuxième
on
y est presque
en
quelques secondes rattrapa l'autre corbillard ralentissant à son
allure
on
lui fait sign' de s'arrêter
klaxonna
furieusement..
Deux
têtes d'hommes se tournèrent découvrant éberlués deux femmes
grimaçantes leur faisant des signes.
Les
dépassèrent se calant juste devant eux roulant ainsi jusqu'à la
première aire de repos où à coups de clignotants et de signes de
mains encore plus frénétiques, l'autre corbillard fut invité à
les suivre.
Ralentit
freina puis coupa le moteur.
Bondissant
de l'arrière Houzia fonça. vers l'homme qui approchait.
Il
y a eu une erreur, ce n'est pas le bon cercueil, vous vous êtes
trompé, c'est le nôtre
quoi ?
le
cercueil, vous l'avez pris au quatrième ?
oui
vous
vous êtes trompé, c'est le nôtre
comment
ça c'est le vôtre ?
oui,
le vôtre désignant la porte arrière du corbillard c'est
celui-là
non ?????????????
si
bordel
secoue la tête fronce les sourcils de bordel de merde, c'est
pas le bon ?
non,
vous c'est le voisin du sixième
bordel
j'y crois pas j'l'avais dit
si
ça vous ennuie pas, nous sommes très pressés
et
moi, il doit prendre l'avion
En
un tour de main les cercueils passèrent d'une civière à l'autre
prestement chargés dans leurs corbillards respectifs. Se saluant
hâtivement se remirent en route.
Nina cria
faut
sortir de l'autoroute dès que tu peux
pendant que Houiza
dévissait le cercueil.
tu
fais quoi ?
j'ouvre,
qu'elles prennent un peu d'air et de lumière
et
si y a un barrag' ?
on
le verra arriver, et elles rentreront dans leur cercueil
c'est
pas très prudent
on
ne risque rien, on a fait le plus dur, sortir de la capitale, avec le
corbillard et la tête de tes cousins gitans, comment veux-tu que
quiconque fasse un lien avec une femme et une enfant blanches aux
cheveux blonds censées être en fuite dans la capitale ?
Pose le tournevis
aide-moi
soulève le
couvercle sourit.
ça
fait du bien non ?
Clignent des
paupières éblouies par la lumière.
soif ?
Faim ?
on
est arrivées ?
non
pas encore
on
est où ?
on
y est presque, enfin pas tout de suite tout de suite non plus
S'assoit
tandis que Charlotte s'extrait du cercueil.
alors ?
ça va? Tu tiens ?
j'ai
soif
Nina sortit d'un
panier une bouteille d'eau et des sandwichs.
ho
des mac donalds, super !!!!
non,
des hamburgers vegan, tu vas goûter tu vas adorer
Après
le pique-nique, l'un des cousins ayant un jeu de cartes, les trois
femmes et la fillette trompèrent le temps et la tension en jouant.
Charlotte
s'assoupit dans les bras de sa mère à nouveau allongée dans le
cercueil ouvert.
et
s'il n'est pas là ?
je
l'ai appelé, il nous attend
on
a changé de voiture à un moment ?
oui
fronce les sourcils hésite
imperceptiblement se décidant ajoute pour brouiller les
pistes
on
devrait bientôt y être non ?
on
arrive, cinq minutes et on y est
Le
corbillard quittant la nationale s'engagea dans un chemin qui les
brinquebala pendant un bon kilomètre ce qui réveilla Charlotte et
l'amusa.
Le
cousin ralentit freina coupa le moteur. Des portières claquèrent.
Des aboiements de chiens.
Poussant
la porte Houzia sortit suivie de Nina puis des deux fugitives.
Aussitôt
se dirigea tout sourire vers un homme tout sourire qui avançait vers
elle à grands pas se rejoignirent dans une chaleureuse accolade.
désolée
pour le retard, une histoire folle, je te raconte à ton retour
faut
pas tarder, je dois rester dans mes horaires habituels, tout doit
rester habituel
bien
sûr
Retournant
vers la mère et Charlotte, Houzia souriant fit les présentations.
l'ami
qui veut veut du bien
merci
serrant la main tendue la femme
répéta merci
moi
c'est Charlotte, comment c'est ton nom ?
bonjour
serrant la menotte tendue
je m'appelle l'ami qui vous veut du bien,
mais
c'est pas un nom !
et
intervint Houzia pourquoi pas ?
Fronce
le nez.
ha
bon ?
tu
sais comment on s'appelait chez les indiens ?
Hoche
la tête.
c'est
pas le moment des histoires dit l'ami venez
Leur
emboîtant le pas Houzia poursuivit
et
bien par exemple, chez les Sioux, une indienne pouvait s'appeler
Donoma, qui veut dire, le soleil est là, ou encore Anaba, qui veut
dire, elle rentre de la bataille, ou Huyana, qui veut dire, pluie qui
tombe
tandis
que Charlotte s'étonnait
en
un seul mot on peut dire plusieurs mots en même temps ?
fronçant
le nez.
bien
sûr, quand tu seras en Suisse, regarde dans le dictionnaire, tu
verras tout ce qu'on peut dire en un seul mot
tu
viendras me voir ?
S'accroupit
à sa hauteur.
oui,
mais pas tout de suite
Soudain
Charlotte se blottit contre Houzia qui l'enlaça affectueusement
murmurant dans l'oreille..
Charlotte,
ta maman a tenu la promesse faîtes, tu n'y retourneras plus jamais
faut
y aller maintenant prévint l'ami faut plus tarder
La
femme s'approcha de Houzia se relevant.
je
ne pourrais jamais vous remercier assez
vous
n'avez pas à me remercier, sans votre courage et votre volonté à
toutes les deux, vous ne seriez pas ici, le reste c'est de la
solidarité
on
se reverra d'une voix anxieuse n'est-ce pas ?
bien
sûr
on
monte s'impatiente l'ami on monte
Suivent le camion des yeux jusqu'à sa complète disparition.
et
voilà dit Houzia tu me prêtes ton portable ?
c'est
d'venu une habitud' ma parol'
S'écarte
du groupe pianotant.
bonjour
Muriel, c'est moi, Houzia, c'est bon, merci, on se mail
Revient.
d'jà ?
c'était
le répondeur
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